Focus

Les Ports

Publie le 29/06/2012

Construction d’un caisson Phoenix
Après leur désastreuse expérience à Dieppe (l’opération « Jubilee » avait coûté la perte de plus de la moitié des soldats engagés…), les alliés avaient décidé de ne pas débarquer devant ou à proximité immédiate d’un port. Or, l’organisation logistique du débarquement nécessitait de pouvoir acheminer d’immenses quantités d’hommes et de matériel. Pour répondre à ce défi, Lord Mountbatten fut chargé de construire des ports artificiels qui assureraient l’interim jusqu’à la capture d’un port en eau profonde. Les travaux commencèrent dans le plus grand secret en 1943 et mobilisèrent 30 000 ouvriers, absorbant plus d’un million de tonnes de béton et d’acier.

Le plan allié prévoyait la construction de deux ports distincts, l’un devant Arromanches, l’autre devant Omaha Beach. Ces « Mulberries » étaient délimités par 230 caissons Phoenix, disposés en arc de cercle en guise de brise-lames, ainsi que par des épaves de navires coulés à dessein pour renforcer les Phoenix, les Gooseberries. A l’intérieur des espaces de 500 hectares ainsi délimités, des quais sur pilotis, Spuds et Whales, permettaient de décharger le ravitaillement quel que soit la marée. Les routes flottantes s’étalaient sur plus de 16 kilomètres. Ces différentes composantes furent remorquées de Grande-Bretagne et installées dès le lendemain du débarquement.

Débarquement du ravitaillement américain sur la plage d’Omaha
Beach.
Qu’en a-t-il été du rôle réel de ces ports artificiels ? Chaque Mulberry devait recevoir quotidiennement 2500 véhicules et 12000 tonnes de matériel pendant neuf mois. Or, dès le 19 juillet, une violente tempête dans la Manche endommagea gravement les installations alliées. Le Mulberry américain, le plus gravement atteint, dut être abandonné, le ravitaillement étant alors assuré par le seul Mulberry britannique d’Arromanches, rapidement réparé. Les Américains procéderont dès lors au débarquement direct sur la plage d’Omaha, méthode rudimentaire mais qui assurera un tonnage de marchandises déchargées supérieur à celui d’Arromanches.
Il reste que les Mulberries auront permis d’assurer le débarquement et le ravitaillement des troupes du débarquement dans les phases les plus critiques de la bataille. En cela, au-delà de l’exploit technique sans précédant que fut leur construction, ils auront parfaitement rempli leur rôle.