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130e anniversaire de la naissance du général Maczek

Publie le 31/03/2022

En cette année 2022, la Pologne célèbre le 130e anniversaire de la naissance de trois militaires emblématiques de de la Seconde Guerre mondiale – les généraux Anders, Maczek et Sosabowski. A cette occasion, attardons-nous plus particulièrement sur le profil du général Maczek, à qui il fut donné de lutter à deux reprises pour la liberté de la France. Outre son rôle décisif à Montormel pour fermer la poche de Falaise, sa 10e brigade de cavalerie blindée a combattu en 1940 dans la bataille de France. 

Un littéraire devenu militaire

Stanisław Maczek voit le jour le 31 mars 1892 à Szczerzec, en Galicie orientale, dans une famille de juristes aux origines croates. Après des études de littérature à l’université de Lwów, il est conscrit dans l’armée austro-hongroise, avec laquelle il prend part à la Première Guerre mondiale. Blessé et décoré à plusieurs reprises, il termine la guerre comme lieutenant, mais la guerre a couté la vie à ses frères.

Novembre 1918 voit la renaissance de la Pologne et lui permet de rejoindre les rangs de l’armée polonaise, juste à temps pour participer aux conflits frontaliers sur les confins (1918-1919), à la tête d’une compagnie volante. Un an plus tard, c’est un bataillon d’assaut qu’il commande au cours de la guerre victorieuse contre les bolchéviques, contribuant à porter un coup d’arrêt à la cavalerie de Boudionny.

Cet officier rompu au commandement d’unités rapides et reconnu pour son sens tactique prend en 1938 la tête de la 10e brigade de cavalerie, seule Grande Unité motorisée de l’armée polonaise. Le 1er septembre 1939, lorsque l’Allemagne nazie envahit la Pologne, ses 4 000 hommes s’élancent affronter l’ennemi au sud de Cracovie, entamant sans le savoir une épopée inédite.

La 10e brigade combat avec mordant, tient en échec trois divisions du XXII. Korps (motoriziert) et parvient même à contre-attaquer, à Kasina puis Lwów. À l’annonce de l’invasion soviétique, elle passe la frontière hongroise avec armes et bagages. Profitant de la bienveillance des autorités locales, l’internement ne dure guère et le tiers de l’effectif parvient à rejoindre la France.

La brigade Maczek dans la bataille de France – 1940

Dès octobre 1939, l’armée polonaise commence à se reconstituer à Coëtquidan, en Bretagne. Maczek devient le premier commandant du camp, puis de la 1re division d’infanterie polonaise. Pourtant, ses priorités sont autres : mettre sur pied une division motorisée et blindée : le général Sikorski n’a-t-il pas souhaité se doter en France d’une « armée petite, mais moderne » ? 

Pour cela, Maczek rassemble à Bollène les hommes disposant de compétences techniques. Quelques chars Renault FT sont bien livrés en mars 1940 mais pour le reste, l’équipement fait cruellement défaut. Il faut attendre le 24 mai pour que tombe l’ordre de constituer la 10e brigade de cavalerie blindée ! Faute de temps, c’est finalement un Groupement de 1 700 hommes qui rejoint de toute urgence la Champagne. 

L’unité monte au front le 13 juin à Champaubert. Elle couvre le repli de la 20e DI à travers les marais de Saint-Gond, puis recule sur l’Aube et protège le décrochage sur Dosches du Groupement Klopfenstein (vestiges des 2e DI, 10e DI et 235e DLI). Alors que les Panzer atteignent déjà Dijon, la 10e brigade surprend l’ennemi à Montbard, mais échoue à s’ouvrir un passage vers le Morvan.  

L’essence manque tandis que l’étau ennemi se resserre. Le 18 juin, pour éviter qu’ils ne tombent aux mains des Allemands, Maczek disperse ses hommes en leur demandant d’atteindre à pied la zone libre.  Lui-même y parvient au terme d’une marche de dix-sept jours, qui vaut à son groupe d’être félicité par le général Weygand. Suivra une évasion vers le Maroc … déguisé en Bédouin !

Retour gagnant en 1944 : de la Normandie à… Wilhelmshaven

C’est par Gibraltar que Maczek finit par rejoindre l’Ecosse, où la 10e brigade reprend forme à l’automne 1940. Le 25 février 1942, elle donne naissance à la 1re division blindée polonaise, enrichie des vétérans des campagnes de Pologne et de France, de volontaires du monde entier, de survivants des Goulags soviétiques et de déserteurs de la Wehrmacht. 

Forte de 16 000 hommes, la 1re DB polonaise débarque à Arromanches fin juillet 1944. Elle prend son baptême du feu dans les combats de la plaine de Caen (opérations Totalize et Tractable) avant de déborder l’ennemi à Jort. Elle joue ensuite un rôle décisif dans la fermeture de la poche de Falaise-Chambois (19-22 août) qui marque la fin de la bataille de Normandie : autour de Montormel, 10 000 morts et 40 000 prisonniers soldent la défaite de la 7e Armée allemande.

Les blindés de Maczek s’emploient ensuite à libérer le nord de la France (Abbeville, Saint-Omer) et les Flandres (Ypres, Roulers, Tielt et Gand). Fin octobre, la division libère Breda, capitale du Noord-Brabant, puis termine sa campagne de 1944 sur la Meuse. L’ultime revanche arrive en avril 1945 : la 1re DB entre en Allemagne, capture le port de Wilhelmshaven et reçoit la capitulation de sa garnison.

Par sa continuité, l’épopée de Maczek fait pendant à celle de son alter ego français, le général Leclerc. Pourtant, malgré six années passées à lutter pour son pays, il ne lui est pas donné d’y retourner : en septembre 1946, le gouvernement communiste le déchoit de sa nationalité polonaise. Obligé de travailler à Edinbourg comme barman puis portier, il doit attendre la chute du rideau de fer pour obtenir une réhabilitation à la mesure de sa valeur.

Le général Maczek s’éteint à 102 ans, le 11 décembre 1994. Il est inhumé au cimetière militaire polonais de Bréda, au côté de ses soldats tombés au cours de l’automne 1944. Héros de la Pologne, mais aussi de la France, il a été décoré de la Légion d’honneur sous l’Arc de triomphe en février 1945. À l’heure où les menaces sur le flanc oriental de l’Europe doivent être plus que jamais conjurées, son destin exceptionnel nous rappelle le prix de la liberté. 

 

Jacques Wiacek

En coopération avec l'ambassade de la République de Pologne à Paris

En cette année 2022, la Pologne célèbre le 130e anniversaire de la naissance de trois militaires emblématiques de de la Seconde Guerre mondiale – les généraux Anders, Maczek et Sosabowski. A cette occasion, attardons-nous plus particulièrement sur le profil du général Maczek, à qui il fut donné de lutter à deux reprises pour la liberté de la France. Outre son rôle décisif à Montormel pour fermer la poche de Falaise, sa 10e brigade de cavalerie blindée a combattu en 1940 dans la bataille de France.