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Décès d'Edouard Podyma, dernier vétéran de la 1re DB polonaise en France

Publie le 28/12/2018

Édouard Podyma, dernier vétéran de la 1re DB polonaise vivant en France, s’est éteint cette nuit, aux premières heures du 28 décembre. Il s’était particulièrement distingué pendant la bataille de Montormel, du 7 au 21 août 1944. C’est le mémorial de Montormel qui a, le premier, annoncé le décès d’Édouard Podyma, sur sa page Facebook.

Né en 1922 en Pologne, c’est avec sa famille qu’il rejoint son père, qui travaille dans le bassin minier de Potigny, en 1930. Dix ans plus tard, à l’âge de 17 ans, il est appelé au sein de l’armée polonaise, dont les divisions se reconstituent au camp de Coëtquidan après la défaite de 1939.

Malheureusement, l’effondrement rapide de la France en juin 1940 empêche le jeune Edouard de rejoindre le front : à peine arrivé, les officiers de la 3e division d’infanterie à laquelle il était affecté l’informent de l’évacuation vers la Grande-Bretagne, laissant aux hommes le choix de rester en France ou de tenter de rejoindre la Grande-Bretagne.

Pour Edouard, le choix sera vite fait : ce sera l’exil. C’est depuis le port du Croisic que les volontaires de sa division s’embarquent pour le Royaume-Uni. La 1ère division blindée y est créé le 25 février 1942. Le soldat Podyma y devient pilote de char à l’escadron d’état-major de la 10e brigade. Il débarque en Normandie le 27 juillet 1944 :

« Les 2,8 millions de soldats regroupés en Angleterre ne pouvaient pas tous atterrir le même jour. Alors il y a eu les premiers, les troupes de choc je dirais, qui ont débarqué le 6 juin. Les autres, il fallait qu’ils attendent, et c’est pourquoi nous sommes arrivés quelques semaines plus tard, nous les Polonais, tout comme la 4e Division blindée canadienne aux côtés de laquelle nous avons combattu. »

La 1re division blindée est engagée dans les opérations du 2e Corps canadien, Totalize puis Tractable. Après avoir contourné les défenses allemandes à Jort le 15 août, elle rejoint le secteur de Montormel – Chambois pour tendre la main aux Américains et encercler la 7e Armée allemande. C’est sur la côte 262 nord, au-dessus de Boisjos, qu’Edouard connait ses plus violents combats :

« Un miracle, si je n’y suis pas resté. Deux chars proches de moi ont explosé. Je pensais que ce serait bientôt mon tour. J’ai commencé à reculer, je ne pensais plus à rien. J’attendais le coup fatal. Certains pensent à leur famille, mais pour ça, il faut avoir le temps. Je n’en avais pas ».

La route d’Edouard suit ensuite celle de la 1re DB. Après la fermeture de la poche de Falaise-Chambois vient la phase de poursuite, avec la libération d’Abbeville, Saint-Omer, Ypres, Roulers, Breda. En 1945 vient l’ultime revanche, avec l’invasion de l’Allemagne : Edouard finit la guerre devant Wilhelmshaven, port de la Kriegsmarine.

Après sa démobilisation, Edouard Podyma s’était établi un moment à Paris, avant de rejoindre la SMN de Potigny. Souriant et paisible, il avait passé sa retraite à transmettre ses mémoires, raconter sa guerre. Président d’honneur de l’association nationale du souvenir de la 1re division blindée polonaise, il participait activement aux manifestations commémoratives au cimetière militaire polonais d’Urville-Langannerie.

Atteint d’une grave maladie, son état s’était détérioré depuis l’automne. Il avait encore reçu la visite émouvante de ses frères d’armes de la 10e brigade de cavalerie blindée de Swietoszow, le 19 décembre : ils lui avaient alors remis un exemplaire du nouveau livre consacré à l’histoire de la 1re division blindée.

Son enterrement est prévu le vendredi 4 janvier à 14h30 à l’église de Guibray, à Falaise.

 

Jacques Wiacek